Le trouble d'accumulation compulsive le comprendre et le traiter !
Qu’est ce que la syllogomanie ?
Le trouble d'accumulation compulsive, aussi appelé syllogomanie, est une pathologie psychiatrique où la personne éprouve une grande difficulté à se débarrasser de ses possessions, ce qui conduit à un encombrement important de son espace de vie et nuit à son fonctionnement quotidien. Bien que longtemps considéré comme un symptôme d'autres troubles (TOC, dépression...), il est désormais reconnu comme une entité diagnostique à part entière. Cet article détaille les critères diagnostiques, les causes, les conséquences et les traitements de ce trouble.
Critères diagnostiques du trouble d'accumulation compulsive
Selon la 5e édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5), le trouble d'accumulation se caractérise par :
Une difficulté persistante à jeter ou se séparer de ses possessions, quelle que soit leur valeur réelle.
Cette difficulté est due à un besoin perçu de garder ces objets et à une détresse associée à l'idée de s'en débarrasser.
La difficulté à jeter les objets a pour conséquence un encombrement des espaces de vie compromettant leur utilisation normale. Si les espaces de vie sont dégagés, c'est uniquement grâce aux interventions de tiers (famille, professionnels du nettoyage).
L'accumulation entraîne une détresse cliniquement significative ou une altération du fonctionnement social, professionnel ou dans d'autres domaines importants.
L'accumulation n'est pas imputable à une autre affection médicale (par exemple, lésion cérébrale, syndrome de Prader-Willi).
L'accumulation n'est pas mieux expliquée par les symptômes d'un autre trouble mental (obsessions dans le TOC, diminution d'énergie dans la dépression, délires dans la schizophrénie, déficits cognitifs dans une démence).
Le trouble d'accumulation touche 2 à 6% de la population, apparaît souvent à l'adolescence et s'aggrave progressivement avec l'âge. Les hommes sont aussi touchés que les femmes.
Comorbidités fréquentes
Le trouble d'accumulation compulsive est fréquemment associé à :
des troubles anxieux (50%), notamment le trouble obsessionnel compulsif (TOC) et la phobie sociale
des troubles de l'humeur (50%) : épisode dépressif, trouble bipolaire
un déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité (30%)
des traits ou un trouble de la personnalité obsessionnelle-compulsive (20%)
Conséquences de la syllogomanie
L'accumulation excessive d'objets a de nombreuses conséquences négatives :
Sanitaires : insalubrité, risques d'incendie, de chute, prolifération de nuisibles, maladies...
Relationnelles : conflits familiaux, isolement social, stigmatisation, expulsion du logement...
Psychologiques : honte, frustration, anxiété, dépression, faible estime de soi...
Matérielles : dettes, frais de stockage, embouteillages...
Le déni ou la non reconnaissance des difficultés est très fréquent et retarde la mise en place d'une prise en charge.
Approches thérapeutiques
Les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) sont le traitement de première intention. Elles visent à :
Travailler sur les pensées/croyances dysfonctionnelles liées aux possessions (responsabilité exagérée, perfectionnisme, peur du gâchis, attachement émotionnel aux objets, besoin de contrôle, évitement anxieux...)
Apprendre à prendre des décisions, catégoriser, trier, jeter petit à petit avec exposition graduée
Réorganiser son espace de vie et prévenir la réaccumulation future
Les TCC peuvent être délivrées en individuel ou en groupe, avec des exercices à faire entre les séances. Des séances supplémentaires de prévention de la rechute sont recommandées.
Certains médicaments utilisés dans le TOC comme les antidépresseurs (ISRS, clomipramine) ou les antipsychotiques peuvent être proposés en complément des TCC, surtout en cas de troubles comorbides.
Une prise en charge logistique (aide au rangement/ménage) et sociale (soutien familial, assistance administrative) est souvent nécessaire, idéalement avec un travail de coordination entre les différents intervenants.
Le trouble d'accumulation compulsive est un trouble mental à part entière qui peut avoir un retentissement considérable sur le fonctionnement et la qualité de vie. Une prise en charge pluridisciplinaire sur le long terme, associant TCC et traitement logistique/social, permet une amélioration durable des symptômes. Sensibiliser le grand public à ce trouble favorisera un repérage et une prise en charge plus précoces.